Quel avenir pour le bocage en Limousin ?
Entre 2006 et 2008, un premier diagnostic des réseaux bocagers du Limousin a été réalisé. Dans une région peu affectée par de grosses opérations de remembrement sur les quarante dernières années et bénéficiant de pratiques agraires essentiellement basées sur l’élevage, cette étude propose de faire un point sur le maillage bocager existant. Afin de révéler les rôles du paysage bocager, en particulier pour le maintien de la biodiversité, des indicateurs de fonctionnalités écologiques ont été recherchés. Ce projet se veut aussi une tentative pour appréhender l’évolution du maillage bocager dans les années à venir et définir en conséquence des propositions de mesures de gestion.
Répondant à un enjeu fort exprimé dans les Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et d’amélioration de la qualité de ses Habitats en Limousin, l’étude se base au préalable sur une méthode d’inventaire et de connaissance de la distribution spatiale des territoires bocagers (réseaux de haies) à l’échelle de la région. Un protocole d’échantillonnage standardisé a été appliqué afin de mettre en évidence les différents types de bocages du Limousin. L’aspect quantitatif du maillage bocager (indice de linéaire de haies et indice de cohérence du réseau bocager) a été abordé par une méthode d’analyse et de suivi basée sur des outils cartographiques et statistiques. L’aspect qualitatif, quant à lui, a été examiné par une campagne de relevés d’indicateurs sur un large échantillon de linéaires boisés (typologie des haies, continuité, présence d’une banquette enherbée, présence de Lierre, présence d’arbres morts, d’arbres têtards, de muret, talus, clôture, espèces arborescentes et arbustives dominantes, mode de traitement de la haie). L’ensemble des données a ensuite été analysé afin de trouver les éléments de corrélation existants.
L’étude fait ressortir une valeur moyenne de 60 ml de haie par ha à l’échelle du Limousin. La Creuse est en tête en terme de densité bocagère, suivie de la Haute-Vienne puis de la Corrèze.
La cohérence moyenne du réseau bocager (connectivité du réseau de haies) suit ce même classement départemental. La mise de côté des connexions haies/espaces boisés dans le calcul de l’indice de cohérence permet alors de faire ressortir deux grandes zones bocagères sur le Limousin (nord-est de la Creuse et nord de la Haute Vienne).
Les aspects qualitatifs ont été relevés sur un échantillon de 24500 haies . L’ensemble des analyses portant sur les éléments qualitatifs sont exprimées en pourcentage par rapport à l’échantillon global sans pondération liée à la longueur (ml) de chaque haie prospectée ou à une autre variable.
Voici les principaux résultats de l’étude :
60% de l’échantillon est représenté par des haies multi-strates ou des alignements d’arbres. Sur l’ensemble des haies observées, 67% ne comportent pas de traces récentes d’entretien. Pour les haies entretenues, le type d’entretien le plus fréquent est la taille latérale, suivi par l’émondage et la taille en cépée.
Concernant les haies arborées, pour 61% d’entre elles, le Chêne est dominant puis viennent le Frêne, le Châtaigner, les fruitiers (cerisier, merisier, pommier, poirier…) et le Charme. Les autres essences arborées ne représentent qu’une faible proportion de l’échantillon global. Dans ce type de haie, le Lierre est bien représenté dans 29% des cas et les arbres morts dans 8% tandis que les arbres têtards seulement à hauteur de 2%.
Pour la végétation arbustive, c’est le Noisetier qui prédomine (30% des haies étudiées), suivi du Prunellier, de l’Aubépine et du Saule.
Sur l’ensemble de l’échantillon de haies observées, un talus est relevé dans 31% des cas, un muret dans 7% tandis qu’une banquette enherbée dans 29% des cas.
44% des haies de l’échantillon ont été caractérisées comme discontinues.
14% des haies étudiées comportent une clôture sur un des côtés et 7% des haies présentent une clôture de chaque coté de la haie.
L’analyse des corrélations permet notamment de mettre en évidence dans l’échantillon étudié que les haies hautes et peu entretenues abritent des essences forestières comme le sorbier, le houx ; tandis que dans les haies basses, très entretenues, se retrouvent des essences de lumière, supportant des tailles fréquentes comme l’aubépine, le prunellier ou le noisetier. Le lierre semble également davantage présent dans les haies faisant l’objet d’un entretien.
Dans la plupart des cas, les analyses statistiques montrent que les facteurs et interactions intervenant dans la diversité actuelle des haies sont complexes. Cela reflète les différentes situations socio-économiques du bocage.
D’une manière générale, il ressort de cette étude une forte hétérogénéité du maillage bocager sur le Limousin. De nombreuses haies sont soumises à des facteurs laissant craindre un fort taux de dégradation de celles-ci et de leurs fonctions biologiques dans les années à venir.
Permettant une caractérisation plutôt générale du bocage du Limousin, cette étude apporte une première approche qui doit être complétée et confortée pour pouvoir apporter des précisions à un niveau plus local et permettre une meilleure appréhension en terme de préconisations de gestion.
Cellule Technique ONCFS DR PCL