Un partenariat chasseurs-agriculteurs initié en 2008 par une convention départementale
Le 17 juin 2008, la Fédération Départementale des Chasseurs du Vaucluse, la Chambre d’Agriculture du Vaucluse et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ont manifesté leur volonté de conjuguer leurs efforts au profit d’une agriculture et d’une pratique de la chasse en harmonie avec les milieux et la biodiversité. Un comité de pilotage composé des signataires de cette convention a été crée. Il s’agit de l’organe décideur des projets de territoires Agrifaune dans le département.
La FDC 84, la CDA 84 et l’ONCFS collaborent sur des enjeux caractéristiques du département : la viticulture et l’arboriculture. Ces territoires ont ainsi intégré le réseau Agrifaune, réseau national d’échanges, d’expérimentation et de démonstration basé sur un maillage d’exploitations agricoles de références.
Depuis
Suite à ce partenariat Agrifaune, un projet de territoire concernant la réhabilitation des habitats favorables au petit gibier et aux migrateurs terrestres en zone viticole s’est concrétisé dès décembre 2008, par la plantation d’une haie.
Le projet, dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par la FDC 84, a débuté par une phase d’expertises et de diagnostics au niveau d’une exploitation viticole située à Sérignan du Comtat, au nord-ouest du département.
Le 10 avril dernier avec la plantation de 360 mètres de haie, chacun a pu se féliciter du travail accompli par tous les partenaires pour donner une dimension concrète à ce projet.
Maintenant lancé, le projet « Sérignan » a l’ambition de constituer une référence permettant des échanges entre le plus grand nombre de chasseurs et de viticulteurs, afin de démontrer qu’il est possible d’allier le développement du petit gibier avec une exploitation rationnelle du vignoble.
La crédibilité de ce projet s’appuie entre autre sur la démonstration et la communication. Il faut travailler sur le terrain, au niveau de l’exploitation. L’objectif est d’étendre ce territoire afin d’obtenir une échelle suffisante de surface et de reproduire l’expérience sur les exploitations voisines. Désormais, une dynamique de « réseau de territoires » est sur le point d’être lancée.
A l’origine, les haies sont apparues conjointement avec les cultures afin d’assurer une délimitation des parcelles ou une protection contre les intrusions.
Les remembrements agricoles et la simplification des assolements ont favorisé leur diminution. Pourtant la haie est un élément majeur des paysages agricoles méditerranéens car elle constitue un véritable « réservoir de biodiversité » utile à la fois pour la faune et la flore sauvage mais également à l’agriculteur travaillant en périphérie.
La haie constitue une zone d’intérêts écologiques dans l’espace agricole très importante, dont différentes caractéristiques rendent cet élément fixe du paysage attractif pour la faune sauvage :
Zone refuge contre les intempéries et les prédateurs ;
Lieu d’alimentation ;
Espace de quiétude pour la reproduction de nombreuses espèces.
De plus la haie contribue à la création de corridors garantissant la circulation des espèces et les échanges entre individus d’une grande importance notamment pour la reproduction.
Par ailleurs, la stratification de l’étagement végétal de la haie contribue à la diversification de l’avifaune.
En plus de ces rôles de refuge, de disponibilité en ressources alimentaires, et de corridors écologiques, la haie offre des avantages agronomiques :
la lutte contre l’érosion par le vent et l’eau ;
la lutte contre les pollutions ;
elle assure un lieu de vie pour les auxiliaires aux cultures.
Par ailleurs, la stratification de l’étagement végétal de la haie contribue aussi à la diversification de l’avifaune.
Planter des espèces « indigènes » c’est avant tout conserver les essences locales et donc le patrimoine écologique d’une région. Mais c’est également profiter de leur adaptation à l’environnement local (conditions pédo-climatiques, phytosanitaires, cortèges écologiques…).
En outre, permettre à la faune sauvage de disposer d’une ressource alimentaire pérenne, en limitant les ruptures causées par des phases de disettes est particulièrement important. Il est opportun de choisir des essences dont la phénologie permet la succession des fructifications.
Parmi les espèces plantées dans la haie de Sérignan, nous pouvons citer : Figus Carica : le figuier, Juniperus oxycedrus : le genevrier oxycédre, ou encore Arbutus unedo : l’arbousier.
1° Acquisition de références et développement des pratiques culturales favorables à la biodiversité
Ce premier projet, vise :
à constituer un réseau d’exploitations de références par rapport aux pratiques impactant sur la biodiversité dans le contexte des cultures méditerranéennes ;
à réaliser des fiches de conseils techniques pour le développement de la biodiversité au sein des exploitations agricoles, élaborées notamment à partir des exploitations agricoles de références.
Les évolutions techniques, économiques et écologiques seront prises en compte afin de proposer le remplacement des usages défavorables par des pratiques alternatives plus respectueuses de la qualité des milieux.
2° Maintien de la biodiversité dans les agro-systèmes calcaires du pays de Sault/Monieux
La zone d’action, d’environ 900 ha, est située sur un site remarquable, en bordure de la Nesque, dans le Val de Sault.
Dans ce secteur nous trouvons essentiellement des paysages de type :
prairies naturelles,
grandes cultures avec un parcellaire en mosaïques quadrillé par des haies,
grandes cultures avec une évolution vers l’abandon du système bocager.
Le principal enjeu de cette deuxième action est de mettre en évidence les aménités liées à ces paysages afin de motiver leur maintien ainsi que l’installation d’infrastructures agro écologiques, à la fois favorables à la biodiversité et au paysage.
Ce projet Agrifaune viendrait s’articuler avec un projet LEADER +, programme Européen destiné aux zones rurales permettant de soutenir financièrement des territoires porteur d’une stratégie de développement.
Au travers de la démarche Agrifaune en Vaucluse, et plus précisément via les « projets de territoire », l’objectif des partenaires est avant tout la crédibilité technique par le biais de la mise en place de vitrines pédagogiques.
L’intérêt prioritaire est d’organiser la démarche Agrifaune dans un contexte départemental tenant compte du terroir et de ses spécificités afin d’optimiser l’implication solidaire des chasseurs et des agriculteurs. Ces actions locales doivent cependant se rattacher à une problématique plus régionale concernant la thématique « arboriculture - viticulture » dans un souci d’échanges constructifs nécessaires à la mise en œuvre de la gestion des espaces ruraux.
Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
Fédération Départementale des Chasseurs de Vaucluse
Chambre d’Agriculture du Vaucluse