Dans le cadre des actions Agrifaune 2009-2010, le GIASC (Groupement d’Intérêt Agricole Sylvicole et Cynégétique) du Villeréalais souhaitait agir concrètement sur la qualité des haies du canton. Déjà en 2008, des plantations de haies (850 ml au total) ont été réalisées à travers le programme « L’Arbre Dans le Paysage Rural » (financement Conseil Général 47 et mise en oeuvre CDA47 (Chambre d’Agriculture du Lot et Garonne) - ARPE 47 (Association de recherche pour une pédagogie de l’environnement du Lot et Garonne) - ACMG (Association Climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest )) avec l’appui des membres bénévoles du GIASC, notamment des chasseurs. Cette année, l’action s’est portée vers les haies déjà présentes sur le territoire : il s’agissait de valoriser les haies déjà existantes par un enrichissement en arbres fruitiers.
Plusieurs raisons justifient cette nouvelle action :
Elle assure le maintien des haies existantes et leur valorisation (paysagère, agricole, bois d’oeuvre,…),
Elle augmente l’offre alimentaire dans le temps pour les insectes pollinisateurs et la faune (notamment pour les oiseaux frugivores tels que les grives). Les essences choisies, rustiques et locales, offrent une production étalée dans le temps de baies et de fruits charnus. Elle améliore d’une manière générale la biodiversité.
Les conditions d’éligibilité d’une haie pour qu’elle puisse bénéficier d’un regarni sont les suivantes :
Tous les propriétaires peuvent être concernés par cette mesure. Si la haie se trouve sur des terres en fermage, l’accord de l’exploitant est également requis.
Le propriétaire et l’exploitant des terres s’engagent auprès du GIASC par la signature d’une convention (notamment à ne pas détruire la haie pendant au moins 10 ans et à l’entretenir correctement).
En contre partie, le GIASC fournit gracieusement, pour chaque projet, les plants et leur protection. Il reste à la charge du propriétaire :
- L’acquisition et la mise en place de tuteurs,
- la réalisation des travaux de plantation, notamment le paillage.
Les plants de fruitiers doivent être plantés tous les 10m environ (en tenant compte de l’existant) et protégés (paillage et protection). 11 essences différentes ont été choisies afin :
De diversifier et d’augmenter l’offre alimentaire pour les insectes pollinisateurs et l’avifaune,
D’étaler l’offre alimentaire dans le temps,
De contribuer à l’amélioration paysagère,
D’offrir des fruits aux usagers du milieu
naturel en intégrant quelques arbres greffés,
De contribuer à la valorisation patrimoniale des exploitations.
Espèces fruitières | Nombres |
---|---|
ArbresNombresmerisier (Prunus avium) | 121 |
121pommier franc (Malus sylvestris) | 314 |
poirier franc (Pyrus communis) | 208 |
cognassier (Cydonias) | 120 |
sorbier des oiseaux (Sorbus auccuparia) | 149 |
cormier (Sorbus domestica) | 50 |
plaqueminier (Diospyros kaki) | 30 |
pommier greffés (Malus) | 18 |
poirier greffé (Pyrus) | 14 |
néflier (Mespilus germanica) | 28 |
sorbier pollinisateur (Sorbus) | 18 |
Total | 1070 |
L’objectif du GIASC était que chaque commune du canton s’investisse dans ce projet et regarnisse environ 1km de haie (en plusieurs tronçons ou pas). Pour cela, les Présidents de sociétés de chasse locales ont aidé les partenaires afin de trouver les différents projets dans leur commune.
Pour chaque projet, un diagnostic a été réalisé par les partenaires avec le propriétaire : présentation générale, localisation, proposition de trame de plantation et préconisations. Suite à cela, les conventions ont été signées entre les propriétaires et le GIASC.
Le 9 mars après-midi, les plants de fruitiers ont été distribués par les partenaires Agrifaune du GIASC aux différents propriétaires chez le pépiniériste à Saint Quentin du Dropt.
Les plantations se sont ensuite organisées dans chaque commune dans les jours qui ont suivi. Les membres bénévoles du GIASC (chasseurs et agriculteurs locaux,…) ont apporté selon leur disponibilité leur aide pour les travaux de plantation.
Le vendredi 12 mars, sur la commune de Villeréal, un groupe de 10 enfants de l’école de Villeréal, encadré par Xabi ITCIA (animateur au centre de loisir de Born) est venu aider les chasseurs à planter la haie.
Au total, c’est plus de 1000 arbres qui ont été plantés chez 29 propriétaires différents sur 9 communes du canton, soit plus {{}} qui sont valorisées et seront préservées pour les 10 années à venir.
Enrichissement d’une haie très appauvrie sur la commune de Parranquet, permettant de reconstituer la diversité et les différentes strates
La réalisation de l’ensemble des plantations s’est déroulée conformément aux objectifs et
dans une bonne entente entre agriculteurs et chasseurs.
Il est à noter une observation de la part d’un agriculteur qui a souhaité modifier le lieu
d’implantation prévu par le diagnostic. Effectivement, la mise en place initiale a mis en
évidence certaines incompatibilités entre l’aménagement visé et l’exploitation de la parcelle.
Rapidement, une concertation entre le propriétaire, ce fermier et le GIASC a conduit à
déplacer les plants. Une fois encore, les bénévoles, mobilisés par le GIASC, sont venus aider
pour déplacer les plants de cette haie dans le souci permanent de faire converger les intérêts
des différents usagers de l’espace.
Cette opération originale, qui se veut complémentaire du programme ADPR, a été un
véritable succès. Depuis sa conception, jusqu’à sa réalisation, cet aménagement a rencontré un
engouement général. Bien qu’il ait été réalisé à moindre frais, soit moins de 2500 euros au
total (achat groupé des plants au prix grossiste, bénévolat…), la totalité des demandes n’a pas
pu être satisfaite. D’ailleurs l’objectif symboliquement prévu des 10 KM a été atteint très
facilement.
Il est souhaité, dans la limite des moyens financiers disponibles, de reconduire l’action et
ainsi de satisfaire les demandes. Le GIASC, accompagné de ses partenaires, souhaite
renouveler des plantations et contribuer aux expérimentations du programme Agrifaune.
L’enrichissement des haies bocagères du canton de Villeréal, tout en assurant leur
pérennité, est à la fois avantageux pour l’agriculture et la biodiversité.
Caroline Nadaud
Chargée de mission Agrifaune, ONCFS cellule technique Sud Ouest