Streptopelia turtur
Classe des Aves
Ordre des Columbiforme
Famille des Columbidae
Par Jean Marie BOUTIN
Téléchargez le Plan de Gestion Européen de la Tourterelle des bois :
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La Tourterelle des bois est le plus petit
colombidé européen. L’oiseau mesure
environ 28 cm pour une envergure allant
de 50 à 52 cm. Le poids moyen est de
150 g, chez les adultes et de 125 g pour les
juvéniles au moment de la migration postnuptiale.
Une forte variabilité est relevée
au cours du cycle annuel, de 100 à 200 g
pour les extrêmes. Un léger dimorphisme
sexuel est noté concernant les mesures
biométriques, en particulier la longueur de
l’aile pliée, en moyenne 179 mm (de 174 à
185) chez les mâles et 172 (167 à 177)
chez les femelles. La coloration du
plumage est pratiquement identique pour les deux sexes chez les adultes : la tête et le cou sont gris, la
gorge nuancée de rose (plus colorée chez le mâle), le dos est brun-gris, le ventre blanc ainsi que les
sous caudales, lesquelles contrastent au vol avec le dessous des ailes gris bleu. Les couvertures
alaires sont noires bordées de marron, donnant un aspect d’écailles de tortues d’où l’origine de son
nom. Un damier noir et blanc est présent sur chaque côté du cou. Le bec est noire, les pattes rouge
framboise, l’iris rouge orangé et le cercle orbital rouge (plus marqué chez le mâle). Les juvéniles se
reconnaissent par l’absence des damiers sur le cou, une couleur générale plus brune (marron), et par la
présence de lisérés clairs sur les couvertures alaires et les rémiges primaires .
Il est facile de différencier la Tourterelle des bois des autres colombidés présents en France. Cette
espèce est nettement plus petite que les pigeons et se reconnaît assez facilement de sa proche parente
la Tourterelle turque Streptopelia decaocto. Au vol elle s’en distingue aisément par un vol plus rapide
et plus svelte, ainsi que par le contraste entre le ventre blanc et les sous alaires à dominante grise.
Enfin, en période de reproduction, le roucoulement poussé par le mâle (et parfois par la femelle) est
typique, la strophe de base étant un crrrouou doux et roulé répété de deux à six fois.
Régime alimentaire
Le régime alimentaire de la Tourterelle des bois est constitué par des graines et fruits mais de
menues proies animales sont aussi consommées occasionnellement (vers, mollusques,
insectes). Cependant, cette espèce peut être considérée comme granivore au sens strict.
Elle se nourrit à découvert sur le sol en règle générale. Elle a besoin de boire quotidiennement.
L’agriculture moderne lui laisse à disposition durant l’été des graines de céréales, de colza et
de tournesol. Au printemps elle affectionne particulièrement les graines d’adventices par exemple le Fumeterre officinal Fumaria officinalis en Angleterre dans les années 1960. Plus récemment une étude réalisée dans le même pays à partir de l’analyse des fientes a montré la
prépondérance des graines de blé Triticum aestivum, suivi de crucifères cultivées Brassica sp.,
en général du colza, ainsi que du mouron des oiseaux Stellaria media. La présence de l’Ortie
brûlante Urtica urens, de la Renoncule rampante Ranunculus repens et du lin Linum
usitatissimum a été relevée dans quelques cas. La comparaison des résultats obtenus lors de
ces deux études fait ressortir une diminution de la part des graines d’adventices dans le régime
alimentaire, de 86 % en 1964 à 24 % en 1997. Les silos de stockage des coopératives servent de
place de nourrissage au printemps et des concentrations de plusieurs dizaines d’oiseaux
peuvent être observées, notamment en France. Après la récolte des céréales et du colza les
oiseaux se dispersent sur les chaumes. De nouvelles concentrations sont observées à partir
d’août sur les champs de tournesol, lequel constitue une nourriture appréciée pour les oiseaux
en phase de migration post nuptiale. Les graines de Pin maritime Pinus pinaster sont également
consommées en cours de migration.
Reproduction et survie
L’espèce est monogame. La maturité sexuelle est atteinte pour les deux sexes dès la première
année. En règle générale, deux à trois pontes de 2 oeufs sont effectuées de mai à juillet. Peu d’études
ont été réalisées sur la démographie de l’espèce. En Angleterre la productivité annuelle moyenne par
couple était de 2 à 2,8 jeunes volants en 1960 contre seulement de 0,3 à 0,8 jeunes volants par couple
en 1996. La mortalité annuelle serait de 64 % lors de la première année de vie et de 50 % pour les
suivantes. A partir de 134 oeufs pondus, le nombre de jeunes à l’envol était de 39 %. En Espagne, dans
la région de Madrid, une variation inter annuelle a été relevée : en 1983, à partir de 128 oeufs, il y a eu
31,3 % de jeunes à l’envol ; en 1984, on a recensé 51,4 % de jeunes volants à partir de 74 oeufs. Plus
récemment, en 1989, un suivi a porté sur 309 oeufs et donné 61,5 % de jeunes à l’envol. La
productivité moyenne par adulte a été estimée à 0,9 jeune soit 1,8 par couple. Le chiffre de 1,4 jeune
par adulte a été avancé à partir de l’analyse des tableaux de chasse. Au Portugal, une excellente
productivité a été relevée dans le nord-ouest dans les années 1990 : 2,71 jeunes par couple et 1,73
par nid. Pour le recrutement, la réalisation d’une deuxième ponte semble prépondérante. La longévité
maximale in natura est estimée à 20 ans.
La migration
Une des caractéristiques essentielles de cette espèce est son caractère migratoire. Les populations
fréquentant l’Europe sont entièrement migratrices. L’espèce hiverne au sud du Sahara dans la zone
sahélienne. La Tourterelle des bois est par conséquent une espèce migratrice au long cours de surcroît
transsaharienne, l’aire d’hivernage étant disjointe de l’aire de reproduction.
La migration prénuptiale en France commence de façon significative lors de la
dernière décade d’avril, pour atteindre son paroxysme lors des deux premières décades de mai
et se terminer pendant la deuxième décade de juin.
La migration postnuptiale débute dès la fin juillet, pour atteindre son maximum
d’intensité fin août début septembre (du 15 août au 15 septembre), les derniers oiseaux
souvent des jeunes nés tardivement, étant observés début octobre. La migration se fait suivant
un axe orienté vers le sud-ouest et sur un large front avec cependant des concentrations
locales importantes, par exemple sur des lignes électriques au dessus des champs de tournesol.
La Tourterelle des bois affectionne les paysages ouverts, riches en bois, en bosquets, en
buissons, en ripisylves et en haies en bordure de zones cultivées, lesquelles lui sont propices à la fois
pour la nidification et l’alimentation. Elle préfère les secteurs ensoleillés de plaine (régions chaudes et
sèches). Sa répartition en Europe est liée à l’isotherme de 16° C minimum en juillet (19°C en Grande
Bretagne). En général elle nidifie en altitude au-dessous de 350 m et exceptionnellement sur des
versants bien exposés jusqu’à 1 000 m.
La hauteur moyenne du nid par rapport au sol est de 2,4 m et des préférences sont accordées à
l’Aubépine (Crataegus monogyna) et au Sureau (Sambucus niger), ces deux essences représentant
respectivement 43 % et 17 % des arbustes abritant des nids en Angleterre. En Espagne, à partir d’un
échantillon de 225 nids, la hauteur moyenne relevée est de 2,32 m avec des extrêmes allant de 0,5 à 6
m. Les principales espèces végétales servant de support sont l’Olivier (Olea europea) dans 53 % des
cas, le Chêne (Quercus rotundifolia) dans 23,5 %. En France, plus de la moitié des 59 nids étudiés en
milieu bocager se situaient entre 1,5 et 2 m de hauteur. Dans 40 % des cas l’Aubépine (Crataegus
monogyna) servait de support, dans 19 %, il s’agissait du Noisetier (Coryllus avellana), et dans 10 %
du Prunellier (Prunus spinosa). Dans 73 % des cas, la présence de lianes ou de sous-arbrisseaux a été
relevée en accompagnement de l’arbuste servant de support au nid, en particulier celle de la Ronce
(Rubus sp), celles-ci jouant un rôle important en tant que support et de protection du nid. Cette
espèce utilise tout particulièrement des arbustes pour la nidification et elle affectionne les
paysages fragmentés, où se côtoient les cultures et les éléments boisés aussi bien en blocs qu’en
lignes.
Quatre sous-espèces, ou races géographiques, sont reconnues en Europe, Afrique du Nord et
Asie. L’aire de nidification en Europe de la race nominale S. t. turtur s’étend du Portugal (10° de
long. - Ouest) jusqu’à l’Oural (60° de long. - Est) et du 35ème parallèle au 65ème parallèle Nord. L’aire
de répartition est vaste et plus importante en latitude sur la partie orientale.
L’aire d’hivernage s’étend en Afrique entre le 10ème et le 20ème parallèle Nord et
correspond à la zone sahélo-soudanienne. Les populations d’Europe occidentale
migrent par le sud-ouest de la France, puis par la péninsule ibérique où elles sont rejointes
par celles du Portugal et de l’Espagne pour transiter ensuite par le Maroc et la Mauritanie, et
hiverner dans les savanes de la partie occidentale de l’Afrique tropicale. Le Sénégal est
considéré comme le territoire d’accueil de l’essentiel de ces populations, auxquelles s’ajoutent
celles provenant du Maroc. La Gambie, la Guinée Bissau, le nord de la Guinée et le sud-ouest
du Mali accueillent également une partie de ces populations. Une voie de migration plus
orientale, concernant vraisemblablement les oiseaux d’Europe centrale, passe par l’Italie et les
Balkans, Malte, la Tunisie et la Lybie.
Cette espèce est pratiquement
omniprésente sur l’ensemble du
territoire national en gardant cependant
un fort caractère campagnard, elle évite
en effet les centres urbains. En règle
générale elle ne niche pas au dessus de
900 m d’altitude, cependant elle peut se
rencontrer jusqu’à 1500 m dans les
Alpes du Sud sur des versants
ensoleillés. Les résultats obtenus par le
réseau « oiseaux de passage » apportent
une information complémentaire aux
atlas ornithologiques en montrant
l’importance du Centre-Ouest et de la
région Midi Pyrénées pour la
reproduction de cette espèce en France.
International :
L’espèce est en Annexe III de la convention de BERNE.
Union européenne :
Streptopelia turtur est classée en annexe II/2 de la directive 79 / 409 de la C.E.E. Elle ne
peut être chassée qu’en France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce et Autriche.
Tendance démographique
L’estimation totale de la population européenne est comprise entre 3 et 13,2 millions de
couples. Cette large fourchette est due aux grandes imprécisions concernant la Russie et la
Turquie. Sans ces deux pays l’estimation est de 1,9 à 3,2 millions de couples reproducteurs
dont 1,3 à 1,9 millions pour l’Union Européenne. Peu de travaux scientifiques ont porté sur
l’évolution des populations de cette espèce en Europe, probablement en raison de la difficulté
à effectuer des suivis sur le long terme selon une méthodologie rigoureuse. Cependant le
Royaume-Uni dispose d’un suivi à long terme des effectifs nicheurs, appelé Common Birds
Census ou CBC, ainsi que les Pays-Bas avec le Breeding Bird Monitoring Program. Ce sont
les résultats anglais qui ont montré un déclin des effectifs nicheurs de 70 % des années 1975 à
2000, entraînant de ce fait le statut défavorable attribué à cette espèce.
En France, pendant la période 1985-1987 l’effectif français aurait été compris entre 200 000 et
450 000 couples et il est présumé avoir diminué de 50 % pendant la période 1970-1990. Le
Programme A.C.T. (Alaudidés, Colombidés, Turdidés) de l’ONCFS, mis en application par le
réseau oiseaux de passage, a pour objectif principal le suivi des populations nicheuses de ces
espèces en France. Après un test expérimental de faisabilité réalisé en 1992 et 1993, le
protocole retenu, basé sur les I.P.A.(Indice Ponctuel d’Abondance) a été étendu à l’échelle
nationale. Tous les ans, 1000 routes de 5 points d’écoute sont parcourues par 800
observateurs, lors de deux passages, le premier en avril et le deuxième, concernant la
Tourterelle des Bois, entre le 15 mai et le 15 juin. Les résultats indiciaires suivants ont été
obtenus sur les 8 premières années :
Ces résultats traduisent une faible variabilité au cours de la période d’étude, avec une
tendance à l’augmentation.
Statut de conservation
La Tourterelle des bois (classée en SPEC 4 par Birdlife International) est considérée comme
« declining », c’est à dire dont les effectifs sont en déclin (modéré) et le nombre de couples nicheurs
supérieur à 10 000 couples en Europe. En France elle est classée en catégorie CMAP5, c’est à dire en
déclin et à surveiller.
Menaces
Les conditions météorologiques : Dans l’aire d’hivernage les conditions climatiques (tout
particulièrement la sécheresse) peuvent entraîner de façon indirecte une mortalité anormale
durant cette période. Depuis 1970, les régions sahéliennes de l’ouest africain, lesquelles
constituent les zones d’hivernage principales des populations européennes occidentales, ont
été frappées par une longue période de sécheresse, la pluviométrie annuelle dépassant alors
peu fréquemment les moyennes annelles et se situant souvent très en deçà.
Dans l’aire de reproduction, de fortes précipitations suivies d’une baisse de la température
peuvent entraîner une forte mortalité des jeunes au nid. Les nids sont également très fragiles et
des forts coups de vent (tempête, orage) provoquent leur destruction.
La chasse : Pour certains auteurs, la chasse aurait des effets néfastes sur les populations de
Tourterelle des bois et constituerait l’un des facteurs importants de leur déclin. Est visée en
particulier la chasse durant la migration printanière toujours pratiquée au Maroc et en France
(où elle est illégale) et probablement dans d’autres pays méditerranéens, ainsi que dans les
zones d’hivernage où il n’y a pas de gestion cynégétique. La non exhaustivité des estimations
de population et des tableaux de chasse dans l’aire de répartition incite à une forte prudence
dans l’interprétation des chiffres obtenus. Il se prélèverait entre 2 à 4 millions d’oiseaux dans
la seule Union Européenne. Les prélèvements cynégétiques effectués dans les autres pays
(hors UE) de l’aire de répartition ne sont pas connus actuellement.
En France, l’enquête nationale réalisée en 1983-1984 par sondage a permis d’estimer le prélèvement à
583 000 tourterelles (+/- 4,5 %), sans distinction d’espèces entre S. decaocto et S. turtur, auquel il
conviendrait d’ajouter 36 500 Tourterelles des bois tuées en mai 1984 en Gironde. En 1998-1999, le
prélèvement a été estimé à 594 960 tourterelles se répartissant en 189 300 Tourterelles des bois et
305 660 Tourterelles turques. D’une manière générale, le retard de l’ouverture général de la chasse au
deuxième dimanche de septembre dans le sud et au quatrième dans le nord limite fortement les
prélèvements sur cette espèce. Cependant le code rural permettait lors de ces enquêtes une ouverture
anticipée spécifique au 15 août et une vingtaine de départements du Sud appliquaient cette possibilité.
Les pertes d’habitat : En Europe, les changements d’habitat ont été évoqués pour expliquer la
diminution des effectifs nicheurs dans les Pays-Bas, en Italie, dans le Royaume-Uni, en Espagne, en
Grèce, en Belgique et en Autriche. En France, les opérations de restructuration foncière
(remembrement agricole) liées à la mécanisation et à l’intensification de l’agriculture ont entraîné un
arrachage considérable des haies et des boqueteaux depuis les années 1960. Ainsi, 610 000 km de
haies ont été détruits alors que seulement 10 000 km étaient replantés dans la même période
(SCHMUTZ et al., 1996). D’autre part, l’entretien mécanique des haies, ainsi que les nouvelles
techniques sylvicoles ont modifié considérablement les sites potentiels de nidification. L’utilisation
généralisée des herbicides a entraîné la forte régression des adventices dont les graines constituaient
la base du régime alimentaire au printemps.
La prédation : En période de reproduction, la prédation peut être la cause de la destruction des
nichées, ce facteur représentant 34% des pertes dans un cas étudié en Angleterre. Elle est surtout
exercée par les corvidés, en particulier le Geai (Garrulus glandarius). Les jeunes oiseaux
inexpérimentés, parfois des adultes, peuvent être la proie de l’Epervier (Accipiter nisus).
Le dérangement : La tourterelle est une espèce très sensible au dérangement pendant la nidification
et le nid peut être abandonné. Ainsi, en Autriche, lors d’une étude réalisée sur cette espèce, les
oiseaux dérangés pendant la nidification ou l’incubation abandonnent le nid dans la moitié des cas ce
qui constitue un cas extrême. En effet 14% de cas d’abandon du nid ont été relevés en moyenne
pendant la nidification en Angleterre, avec un maximum de 28 % en août.
Compétition interspécifique : Une compétition avec la Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) est
évoquée par plusieurs auteurs en particulier en ce qui concerne l’utilisation des ressources
alimentaires mais aussi sur les sites de nidification. La formidable expansion de la Tourterelle turque
atteste de son pouvoir de colonisation d’habitats jusqu’à présent de type urbain et périurbain et plus
récemment de milieux ruraux (villages, hameaux et fermes isolées). Son statut d’espèce sédentaire lui
confère un avantage quant à l’utilisation des différents sites.
Propositions relatives à l’habitat
L’identification des zones prioritaires pour la reproduction constitue un premier objectif de
façon à établir une cartographie des habitats essentiels pour cette espèce, par exemple à l’échelle des
Régions administratives. Vue l’étendue des territoires de reproduction les acquisitions foncières
n’apparaissent pas comme une priorité pour la conservation des habitats favorables à la Tourterelle
des bois. Par contre les exigences de cette dernière doivent être prises en compte dans la gestion des
habitats. La cartographie des habitats favorables est un préalable à la mise en place d’actions de
protection de ces derniers, en particulier des actions de gestion de l’existant, et de restauration.
Pour la période de reproduction, les interventions à encourager sont :
- Favoriser les lisières dans les aménagements forestiers, en particulier la strate arbustive, et
l’hétérogénéité des peuplements, par une exploitation équilibrée favorisant l’alternance de jeunes
peuplements et de peuplements âgés, et prendre en compte les éléments boisés de petite superficie :
bois, bosquets, boqueteaux, haies, ripisylves...
- Mettre en place des mesures de gestion des haies et des ripisylves respectueuses des exigences
biologiques de la Tourterelle des bois, notamment par le maintien des arbustes, la non taille du
houppier et le respect d’un calendrier pour les entretiens en évitant la période de nidification,
laquelle s’étend de mai à août, et maintenir des postes de chant en conservant des arbres morts.
- Restaurer les haies dégradées en se basant sur les critères énoncés ci-dessus.
- Choisir des espèces végétales appropriées de type épineux lors de la plantation de nouvelles
haies, en particulier l’Aubépine (Crataegus sp.) ; en climat océanique, procéder à des plantations sur
paillage naturel pour favoriser le démarrage des lianes et sous-arbrisseaux, par exemple le
chèvrefeuille, l’églantier, le lierre et la ronce.
- Assurer une meilleure prise en considération de la haie dans le cadre de la Politique Agricole
Commune, ainsi que des autres éléments fixes du paysage, par exemple les bosquets.
- En plus des actions sur les sites de nidification, des mesures complémentaires peuvent être
prises afin d’améliorer les potentialités alimentaires en mai et juin.
- Création de zones d’agrainage artificiel, lorsque les potentialités sont trop faibles et
qu’il n’y a pas d’autres alternatives (par exemple du type agrainoir à phasianidés).
- Mise en place de bandes cultivées pouvant comprendre des plantes adventices
reconnues appétantes pour l’espèce ou bien favoriser des jachères spontanées, ou laisser des bordures
de parcelles sans traitement herbicide.
- Création de mares ou points d’eau avec une pente douce dégagée en périphérie.
Propositions relatives à la chasse
- Connaissance des prélèvements :
La connaissance des prélèvements est indispensable à toute gestion cynégétique y compris des
oiseaux migrateurs. Cela implique la mise en place au niveau national d’une enquête, au minimum
tous les trois ans et si possible annuellement, en s’appuyant sur un protocole standardisé, comparable
à celui déjà utilisé lors des enquêtes précédentes.
Cette évaluation quantitative est à compléter par une analyse de la structure du tableau de
chasse par l’analyse des ailes. La “ lecture ” des ailes permet d’identifier les jeunes de l’année
(précoces et tardifs) des adultes, et par la même d’estimer la réussite de la reproduction.
- Contrôle des prélèvements :
Mettre en place un Prélèvement Maximum Autorisé, dans un premier temps journalier
(compris entre trois et six oiseaux), de façon à éviter les abus, puis saisonnier à l’instar de la bécasse
des bois. L’avantage du P.M.A, journalier ou annuel, est de pouvoir être modulé en fonction du
niveau des populations et de la réussite de la reproduction. Il permet aussi de faire prendre conscience
que la Tourterelle des bois n’est pas un oiseau migrateur à effectifs inépuisables, mais que cette
espèce, à l’image d’espèces sédentaires, doit faire l’objet d’une gestion si l’on veut pérenniser cette
ressource renouvelable.
- Période de chasse :
Adapter la saison de chasse à la période postnuptiale, une fois la reproduction terminée, c’est
à dire à compter du 1er septembre. Le nombre de jours de chasse et les modalités étant définis suivant
chaque région ou département, jusqu’au 15 octobre au plus tard, les oiseaux ayant quitté notre
territoire à cette date.
Mettre en place un programme de baguage commun aux pays de l’U.E, de façon à mieux définir les
voies migratoires et les zones d’hivernage, et plus particulièrement d’évaluer les paramètres de
dynamique des populations. Ceci conduit à développer des actions de capture et de baguage sur les
sites de reproduction, opérations qui s’avèrent extrêmement délicates mais cependant réalisables avec
des moyens humains appropriés, ou sur des sites remarquables de migration post nuptiale.
Développer un programme d’étude génétique sur la Tourterelle des bois. L’objectif est de préciser le
statut taxinomique de cette espèce. La question posée est de savoir si les sous-espèces définies
actuellement sont des populations très différentes ou bien s’il s’agit d’une méta population englobant
les pays d’Afrique du Nord et d’Europe. Les conséquences au niveau fonctionnement de la population
seraient très différentes en fonction des réponses obtenues, et elles auraient des applications directes
sur la gestion de l’espèce.
Participer à la création d’un Comité de suivi international chargé de coordonner les actions
(monitoring, gestion et recherche), sur la Tourterelle des bois à l’échelle de son aire de répartition,
incluant aire de reproduction et d’hivernage.
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