Le GIASC (Groupement d’Intérêt Agricole Sylvicole et Cynégétique) du Villeréalais et ses partenaires (la Fédération Départementale des Chasseurs du Lot et Garonne, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et la Chambre d’Agriculture du Lot et Garonne) ont organisé dans le cadre du programme AGRIFAUNE cantonal une demi-journée d’échanges sur le thème de la haie et de son intérêt agricole et cynégétique, le vendredi 29 janvier 2010 à 14h sur la commune de St Martin de Villeréal.
Démonstration de taille de haie avec lamier et couteaux par l’entreprise SARL Capy Frères de Monflanquin,
Interventions techniques des différents partenaires sur le rôle de la haie et son entretien, les évolutions de la PAC en matière de protection des éléments fixes du paysage,…
Présentation du GIASC et de ses projets.
Malgré le mauvais temps, c’est plus de 40 personnes (agriculteurs, chasseurs, partenaires techniques) qui se sont déplacés pour assister à cette animation. M. Veysset, Président du GIASC, a commencé par rappeler l’historique du GIASC et les actions qui ont été menées depuis sa création. Il a ensuite expliqué l’intérêt de la haie pour la conservation d’une biodiversité riche, pour l’agriculture et pour les chasseurs. Voilà pourquoi le GIASC a travaillé sur la haie l’année passée et pourquoi il souhaite continuer les années suivantes.
L’après-midi a continué avec la démonstration de la taille de haie par un lamier de la société SARL Capy Frères. Il s’agit d’un tracteur forestier équipé d’un lamier à l’arrière (5 scies circulaires) et de 5 couteaux à l’avant interchangeables. Le lamier peut couper jusqu’à une hauteur de 6m. Les couteaux servent à couper les branches les plus fines (type ronces) situées au bas de la haie. Le lamier, lui, sert à scier des branches beaucoup plus grosses (30cm de diamètre). Cet outil permet de travailler 2km de haie en une heure pour un coût de 100€/h. La vitesse d’exécution est impressionnante.
Une fois les branches coupées, il faut traiter les déchets de coupe, qui à la différence d’une épareuse, ne sont pas broyés directement. Deux solutions : soit les déchets sont gérés par le propriétaire (broyés pour servir ensuite de paillage, brûlés…), soit l’entreprise peut les traiter en les broyant pour un coût de 60€/h.
Le principal atout de l’utilisation d’un lamier est qu’il est moins traumatisant pour une haie car il n’éclate pas le bois. Les sections étant bien franches, les végétaux sont ensuite moins sensibles aux maladies et repoussent mieux. De plus, la coupe est sélective et esthétiquement plus belle. Avec le lamier, l’entretien ne se fait pas tous les ans mais tous les 5 ans.
Le lamier a donc taillé l’ensemble de la haie présente sur la parcelle pour la démonstration. Les participants semblaient très intéressés par cet outil.
La suite de l’après-midi s’est déroulée dans la salle des fêtes de la mairie de St Martin où un petit pot était prévu par la municipalité. C’est dans cette bonne ambiance que les différents partenaires du GIASC ont expliqué les différents intérêts des haies dans le paysage agricole.
Le premier partenaire à intervenir fut Arnaud Laforgue, technicien à la Fédération Départementale des Chasseurs du Lot et Garonne. Sa présentation portait sur l’intérêt de la haie et son mode de gestion.
1. Intérêts agronomiques :
Effet brise-vent et antigel sur les cultures,
Bénéfices agronomiques (infiltration de l’eau, travail du sol par les racines…),
Amélioration de la circulation des animaux (corridor et passage),
Limitation de l’érosion des sols lors d’épisodes pluvieux violents,
Milieu de vie pour les auxiliaires de cultures (ex : mésange pour les pucerons).
2. Intérêts environnementaux :
Multifonctionnelle pour la faune sauvage (nidification, nourriture, refuge contre la prédation et les intempéries…),
Création de corridors écologiques permettant la circulation de la faune,
Diversité végétale : préservation des anciennes variétés.
3. Intérêts économiques :
Valorisation économique : transformation en bois de chauffage (plaquettes…).
4. Autres intérêts :
Structuration et amélioration du paysage.
Sa présentation traitait ensuite de la question de l’entretien des haies, le plus important étant de préserver, avant tout, l’existant !
Éviter tout travail pendant la période sensible pour la faune sauvage, c’est à dire entre le 1er avril et le 1er septembre.
Lors de la taille, privilégier les outils éclatant peu le bois (type lamier).
Éviter de tailler trop souvent pour laisser le temps aux arbres de fructifier.
Veiller à conserver les 3 strates et une largeur suffisante.
Laisser regarnir les trouées en favorisant les semis naturels.
Conserver les arbres morts ne présentant pas de danger et y tolérer le lierre.
Conserver une banquette herbeuse au pied de la haie.
A défaut d’entretien, l’agriculteur peut également planter des haies sur son exploitation, de manière raisonnée pour ne pas le gêner dans son travail quotidien. Pour cela des programmes d’aides existent (Arbres Dans le Paysage Rural du Conseil Général 47).
Sylvie Rabot-Vaccari de la Chambre d’Agriculture du Lot et Garonne a ensuite fait un point réglementaire concernant la haie en rappelant l’existence de l’arrêté préfectoral qui fixe les normes usuelles en matière de superficie éligible. Puis elle a présenté les nouvelles dispositions PAC applicables en 2010 (Bandes tampons, Surfaces en éléments topographiques, …).
L’après- midi s’est finie par la présentation des divers projets en cours du GIASC :
Regarnissage de haies par des fruitiers. Un appel à candidature a été fait dans l’assemblée pour des volontaires.
Expérimentation d’intercultures pour la prochaine campagne.
Réaménagement de zones humides et mares.
Gestion expérimentale et démonstrative d’une propriété agricole.
Organisation de la lutte contre le ragondin.
Mise en place de radeaux végétalisés sur les lacs d’irrigation.
Les échanges se sont achevés par un débat sur les diverses présentations avec entre-autres les questions suivantes :
« Existe-t-il des subventions pour l’entretien des haies au lamier, si oui lesquelles ? »
« Les chasseurs pourraient-ils entretenir les haies qui jouxtent les parcelles de cultures à gibier ? »
…
Toutes ces questions sont des pistes de réflexion pour le GIASC et ses partenaires. Pour conclure, nous pouvons dire que cette journée a été une véritable réussite en terme de participation et surtout en terme d’échanges entres les divers acteurs du territoire agricole. Le GIASC va continuer son travail pour tenter d’améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les milieux agricoles sur le canton de Villeréal.
Caroline Nadaud
Chargée de mission Agrifaune, ONCFS cellule technique Sud Ouest