Dans le cadre du programme Agrifaune en Verteillacois et du Plan d’Actions Territorial
Dronne, la Fédération Départementale des chasseurs de la Dordogne (FDC24), la Chambre
d’Agriculture du Lot-et-Garonne (CA24), le Syndicat Mixte d’Etudes et d’Aménagements du Pays Ribéracois
(SMEAP) et le Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique du bassin de la Lizonne
(SIAH) ont organisé une demi-journée d’échanges sur l’importance et le bon entretien de la haie
et de la ripisylve dans le paysage agricole, le lundi 22 mars 2010 à 14h00 à Lusignac. Cette
manifestation rassembla une quarantaine de participants : agriculteurs, chasseurs, collectivités
territoriales…
Le déroulement de cette après-midi fut le suivant :
Démonstration de taille de ripisylve avec lamier par l’entrepreneur Jean-Paul DUDIGNAC.
Interventions techniques des différents partenaires sur le rôle et l’entretien de la haie et de la
ripisylve et sur les évolutions de la PAC en matière de protection des éléments fixes du
paysage.
Une fois tous les participants réunis sur le site de démonstration, Philippe BROUSSE (CA24)
commença l’animation de l’après-midi en présentant sommairement le déroulement de la journée
et les organisateurs. Il laissa ensuite la parole à Karim ALAOUI et Yann JEANDENANS,
techniciens de rivière respectivement au SMEAP et au SIAH qui présentèrent un modèle de
ripisylve exemplaire : association des 3 strates (herbacée, arbustive et arborée), largeur minimum,
pas d’arbres « tombant » dans le cours d’eau mais sur le bord de la berge et qui la soutiennent…
L’entretien des ripisylves peut être réalisé par les syndicats de rivière. Une fois la ripisylve
en place, un bon entretien tous les 5 ans est suffisant (« bon » ne signifie pas massacrer).
Démonstration du lamier
La démonstration d’entretien sur la
ripisylve a été faite avec une épareuse à
lamiers équipée de 5 scies circulaires qui
permettent de couper des branches
relativement grandes (jusqu’à 30 cm de
diamètre). Pour une végétation plus fine,
comme la ronce, cet outil n’est pas efficace,
il est préférable dans ce cas d’utiliser des
couteaux.
L’entretien au lamier permet de
réaliser une coupe sélective des végétaux et
une taille franche qui réduit
considérablement la sensibilité aux
maladies. Le tarif d’une telle prestation est
de 110 €/h.
Les résidus de coupe laissés au sol
peuvent par la suite être traités (broyage ou
brulage) par le propriétaire ou par
l’entrepreneur si la demande lui est faite.
Le contenu des différentes présentations
est résumé ci-dessous :
Intégration des haies dans les surfaces
primables
L’arrêté départemental des usages locaux
dans le cadre de la PAC défini les largeurs maximales admissibles : 4 m de haie, 3 m de fossés et talus, 4 m bords de cours d’eau, 1 m de
muret et 4 m de tournière.
Nouveautés PAC 2010 : Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales
Maintien des surfaces en éléments topographiques pour les EA dont la SAU est
supérieure à 15 ha (1% en 2010, 3% en 2011 et 5% en 2012). 1 m linéaire de haie = 100m² de
SET, idem pour lisière de bois et de bosquets
Bandes tampon le long de tous les cours d’eau : couvert herbacé, arboré et/ou arbustif d’au
moins 5 m de large : entretien interdit pendant 40 jours consécutifs, travail minimum, traitements
phyto interdits
Multifonctionnalité des la haie et de la
ripisylve pour la faune sauvage
Ressource pour l’alimentation, réseau
trophique
Zone de refuge (abri contre les
intempéries et la prédation, habitat)
Lieu de reproduction, nidification
Grande diversité animale
Mammifères, oiseaux, insectes, batraciens,
reptiles
Diversité végétale
Préservation des anciennes variétés.
Création de corridors écologiques
Permet la circulation et les échanges entre populations
Milieu de vie pour les auxiliaires de culture
Ex : mésanges et coccinelles contre pucerons, Anthocoris nemoralis contre le Psylle du poirier,
Trichogramma brassicae contre la pyrale du maïs …
Présentation illustrées de façon à être plus révélateur que les mots.
Définition et origine de la haie et de la ripisylve.
Constat actuel sur l’évolution des linéaires boisés : remembrement, les pentes se dénudent, les
vallées se ferment. Causes de cette évolution : diminution du nombre d’agriculteurs, temps
disponible, recul des prairies, disproportion entre les moyens disponibles pour détruire ou
construire des haies. Conséquence de cette diminution/perte : effondrement de berges et
dégradation des cours d’eau. Constat du « mauvais » entretien et conséquence : destruction de ces
éléments, pas de renouvellement.
Les intérêts de la haie et de la ripisylve (cf. plaquette haie) :
Intérêts agronomiques
Bien être animal des troupeaux - -> meilleur production
Effet brise-vent et antigel sur les cultures - augmentation des rendements :
Bénéfices agronomiques (infiltration de l’eau, travail du sol par les racines…)
Limitation de l’érosion des sols (vitesse de ruissellement réduite…) - -> maintien de la
couche riche en MO = fertilité des sols = maintien de la productivité
Intérêts environnementaux :
Protection physique contre les polluants (nitrates, phosphates, pesticides) vers les réseaux
hydrographiques - -> amélioration de la qualité des eaux
Intérêts économiques :
Valorisation économique : gestion du bois en bois de chauffage (plaquettes…).
Autres intérêts :
Structuration et amélioration du paysage.
Potentialités récréatives
La ripisylve : un linéaire boisé particulier (Karim ALAOUI, SMEAP)
Rôle : maintien et protection des berges par les arbres et leurs racines.
Diversification des habitats aquatiques et rôle de trame bleue. Importance des débris ligneux
grossiers pour la faune piscicole (habitat, ressources trophiques).
Stabilisation du lit et prévention des inondations/crues.
Objectifs départemental de bon état écologique des cours d’eau à atteindre (cf. schéma).
Actions des syndicats de rivière : entretien et replantation.
Quelques remarques émanant de cette journée :
Craintes des agriculteurs de voir se développer la ronce au risque d’envahir la parcelle
Pour une simplification du travail et donc une réduction de l’entretien des haies et ripisylves
-> élimination totale et volontaire de ces éléments
Laisser des emplacements ouverts sur les cours d’eau pour la pratique de la pêche
Travaux d’entretien par l’entrepreneur respectant les consignes données par l’agriculteur et qui
ne sont pas toujours en adéquation avec les préconisations environnementales
-> Continuer l’information et la sensibilisation du public (agriculteurs,
enfants, grand public…)