Pôle Bocage
et Faune Sauvage

Un cycle de vie particulier

La dualité du cycle de vie de nombreuses espèces d’amphibiens européens leur impose de disposer de plusieurs milieux. On peut dénombrer quatre types de milieux nécessaires à l’accomplissement du cycle de vie annuel, que sont : le site d’hivernage ou quartier d’hiver, le site de reproduction ou frayère, le terrain de chasse et le site d’estivation ou quartier d’été. Une même unité spatiale fournit rarement l’ensemble des conditions nécessaires à l’accomplissement d’un cycle. Les amphibiens ont donc développé des comportements migratoires plus ou moins marqués, selon les espèces, pour répondre à leurs besoins vitaux. On peut alors distinguer plusieurs formes de migrations ou de déplacements :
- liés à la reproduction (pré-nuptiale et post-nuptiale),
- associés à la métamorphose (post-larvaire),
- mouvements restreints à un territoire,
- mouvements vers des sites d’hivernage.

A cela, il faut distinguer et ajouter les mouvements de dispersion des jeunes et des adultes dans une optique de colonisation de nouveaux habitats. Ces mouvements contribuent à la dynamique de fonctionnement en métapopulation qui vise à contrebalancer les extinctions locales par des recrutements issus d’immigration. Deux facteurs principaux contrôlent la dynamique de métapopulation des amphibiens. Le premier est le nombre d’individus qui dispersent dans une population. Le second facteur est la densité et la distribution des biotopes de reproduction dans le paysage qui va déterminer la distance de dispersion et la probabilité d’atteindre ces biotopes avec succès.
La structure du paysage joue un rôle prépondérant dans cette dynamique et sur la connectivité des éléments. Cette connectivité dépend à la fois de la composition et de la configuration du paysage, notamment de la matrice, des tâches et des corridors qui le composent. Les routes sont connues pour être des barrières physiques aux mouvements des amphibiens tout comme certains types d’assolement, telles que les cultures céréalières et les zones urbanisées. Cependant, il reste difficile de poser une limite entre une barrière totalement infranchissable et un obstacle pouvant être surmonté en certaines occasions.

Les amphibiens ont des domaines vitaux relativement restreints en comparaison avec d’autres groupes fauniques (mammifères et oiseaux). Ceci est en partie dû à leurs capacités de déplacement limitées. Leur morphologie ne se prête pas à des déplacements conséquents. La locomotion des Salamandridae est particulièrement réduite en raison de la longueur et de la disposition transversale de leurs membres. Globalement, les amphibiens sont capables de migrations de quelques kilomètres, mais leurs déplacements sont généralement inférieurs à 400 m. Les dispersions de jeunes individus sont le plus souvent à l’origine des grands déplacements observés chez ce groupe.

Les phases de migration incluent des mécanismes de l’orientation afin de choisir la distance la plus courte dans une optique de minimiser les coûts énergétiques, les risques de prédation et de dessiccation. Plusieurs types de signaux sont sollicités par les amphibiens pour se déplacer dans le paysage : olfactifs, visuels, magnétiques et acoustiques. Plusieurs auteurs ont montré la phylopatrie de différentes espèces d’amphibiens au point d’eau de leur naissance.

L’ensemble de ces caractéristiques fait que les amphibiens vont être sensibles à la composition, à l’agencement du paysage et à la qualité de leur habitat de reproduction.

 

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