Pôle Bocage
et Faune Sauvage

Caractéristiques du bocage vis-à-vis de la faune sauvage

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D’après la synthèse de Tourneur et Marchandeau (ONCFS, 1996)

Les haies, constituées d’essences variées d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées, représentent pour les vertébrés qui les fréquentent :

- une structure riche en disponibilités alimentaires variées,

- une structure riche en abris variés permettant reproduction, repos et refuge contre les
prédateurs ou les diverses agressions du milieu,

-  une structure linéaire favorisant le déplacement des individus (corridors), et pouvant aider à la survie de populations organisées en métapopulations (Burel, 1990 – 1984 – Lodé, 1991A – Paillet et Butet, 1994 6 Saint-Girons et al. 1986),

-  une zone de lisière : l’interpénétration entre les haies et les cultures multiple, sur de
longues distances. L’ « effet-lisière » (Frochot et Lobreau. 1987), souvent recherché par la faune, et marqué par de très forts gradients des facteurs écologiques ; des échanges s’établissent en bordure (écotones8) entre les deux types de Zones, à des niveaux très divers. La haie,à elle seule, constitue même une double lisière.

La haie, lato sensu, fournit abri et nourriture à une multitude d’animaux, de tous les groupes zoologiques (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, mollusques, insectes, microorganismes, etc..), tous les niveaux de colonisation (sol, litière de feuilles et humus, feuillage, tiges, troncs et hautes branches), et toutes les formes d’alimentation (détritivores, herbivores, granivores, insectivores, carnivores). Comme l’écrit Saint-Girons (1952), « le caractère principal du bocage, du point de vue de la faune, réside dans la co-existence de deux facteurs peu souvent réunis : des abris (talus couverts avec végétation touffue et galeries souterraines permanentes) et d’importantes réserves de nourriture dues à la culture. »

Toutefois, l’une des principales caractéristiques du bocage est l’absence d’une faune qui lui est typique (de même pour la flore), le fait que cet agroécosystème soit récent empêche toute inféodation. Cependant, trois caractères peuvent être retenus, leur présence conjointe constituant l’originalité de ce milieu :

- Une richesse spécifique qui lui permet de jouer un rôle important dans la biodiversité : s’y rencontrent dans la biodiversité :
s’y rencontrent des espèces de biotopes très variées (bois, marais, landes, champs ouverts, etc ). Ceci se comprend aisément en connaissant la variété des milieux observés dans un bocage, ainsi que l’ « effet-lisère » important qu’il présente. Néanmoins, des haies peuvent offrir de bonnes conditions d’habitat à une espèce sans que celle-ci soit présente, à cause de l’isolement par rapport aux sources de propagules ;

- Une diversité spécifique :
sans doute le caractère le plus évident. De nombreuses espèces sont représentées, sans que, le plus souvent, l’une ou l’autre ne soit particulièrement abondante ou, au contraire, particulièrement rare. Cette caractéristique est propre aux paysages variés qui s’opposent aux agrosystèmes monoculturaux en champs ouverts, ainsi qu’aux forêts monospécifiques ;

- Un équilibre entre les espèces :
ce caractère découle des deux autres, et résulte des interactions qui existent entre les animaux. Les variations cycliques des densités de populations ne sont pas totalement inconnues, mais elles atteignent rarement l’ampleur de celles constatées dans d’autres systèmes. Ce rôle est d’autant plus marqué que la diversité des espèces, donc la complexité des chaînes alimentaires, est maximale (haies âgées et composées d’espèces indigènes). La haie, située à l’interface de plusieurs milieux, est un lieu d’échange, de passage et de refuge privilégié pour la faune, et les haies sont connectives entre elles, ce qui permet aux espèces de circuler .

Le rôle biologique de la haie apparaît donc fondamental, et il est aisé de vérifier que la diversité des espèces composant la haie est le meilleur garant de son activité biologique (chaque animal y trouvera refuge et nourriture), et de son aspect esthétique. Un rôle complémentaire de la haie est son action sur l’environnement. Il est indissociable du rôle biologique, tant dans le climat que l’hydrologie, au niveau local ou régional, et aussi dans l’économie (Coutel, 1992 – Gaury, 1987 – Laugley-Danysz, 1984).

 

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