Pôle Bocage
et Faune Sauvage

Comment caractériser l’attractivité du bocage pour la Faune Sauvage

D’après la synthèse de Jean-Christophe Tourneur et Stéphane Marchandeau (ONCFS, 1996)

Comme le signalent Clavreul (1984) et Coquillart (1987), les perspectives les plus intéressantes résident probablement dans l’utilisation de familles d’oiseaux pour décrire des gradients d’évolution du milieu.

Toutefois, même à l’échelle d’une région, l’utilisation de grandes listes d’espèces témoins ayant une valeur étendue, doit se faire attentivement : les observations faites sur certaines oiseaux peuvent être contradictoires entre deux zones d’étude (Collette 1973 et 1978 –Eybert et Mahéo, 1975). Ce problème peut se résoudre, localement, en dressant à chaque fois une nouvelle liste tirée d’une expérience témoin sur la commune à remembrer. Pour l’avifaune, la solution la plus simple consisterait à analyser la structure de l’avifaune sur un secteur déjà « éclairi » sur le territoire de la commune, ou d’une commune proche, comme il en existe souvent.

Pour le bocage, comme le considère Lang (1979), le Merle noir, la Grive musicienne et le Pinson des arbres, bien que préférant les milieux fermés, et sensibles au remembrement, sont trop ubiquistes pour pouvoir être retenus comme espèces susceptibles de caractériser l’état de dégradation de ce milieu : elles trouvent, même dans le bocage le plus dégradé, l’arbre ou le buisson où nicher.

En revanche, certaines le peuvent : par exemple, le Rouge-gorge, la Fauvette à tête noire, le Pouillot véloce, le Troglodyte, l’Accenteur mouchet, la Mésange charbonnière, en tant qu’espèces des milieux fermés et l’Alouette des champs, la Linotte mélodieuse, le Pipit farlouse, et le Traquet pâtre en tant qu’espèces des milieux ouverts (Chandor et Le Chapt, sans date –Claveul, 1984 –Collette, 1973, 1975, 1978 et 1983 –Eybert et Mahéo 1975 –Lang. 1979). Les travaux de Clavreul (1984) montrent que les densités (pour 10 ha) de Fauvette à tête noire et l’Alouette des champs évoluent de façon progressive – et inverse – au cours de la modification des paysages, l’évolution des densités de Fauvettes à tête noire est très bien corrélée à celle du taux de recouvrement de la végétation ligneuse, tandis que les densités d’Alouette sont proportionnelles à l’indice d’ouverture des paysages. Aussi, ces deux oiseaux présentent-ils des densités très comparables dans le paysage semi-ouvert dont la structure générale est équilibrée.

Les espèces précitées ont été choisies car elles ont des populations relativement importantes, et réagissent toujours de la même façon aux modifications du milieu induites par le remembrement. D’autres, tel le Bruant jaune ou le Pipit des arbres, ont été éliminées, leurs réactions différant suivant les études : progression (Collette, 1975, 1978 et 1983 –Grafeuille et al. 1981-1982 –Lang, 1979) ou diminution des effectifs (Eybert et Mahéo, 1975). Ces résultats contradictoires confirment la difficulté à choisir des espèces témoins.

D’autres oiseaux semblent pouvoir constituer de bons indicateurs biologiques (Clavreul, 1984) : la nidification de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) indique généralement une structure de paysage diversifiée (présence de nombreuses haies buissonnantes et de lisières), et un assolement peu perturbant au niveau des produits chimiques (présence de friches, de pâtures ou de cultures peu traitées) permettant le maintien d’un peuplement d’insectes riche en grosses espèces.

 

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