Pôle Bocage
et Faune Sauvage

Propositions de gestion

Propositions relatives au biotope et au dérangement
Il apparaît qu’un aménagement judicieux introduisant une diversité dans un habitat peut favoriser
la perdrix : cultures à gibier au sein de friches, cultures (céréales) dans des milieux peu
cultivés. Le cahier technique en cours d’élaboration conseillera, après les avoir testés, sur les aménagements
les plus pertinents à réaliser en fonction du type de formation végétale et d’habitat
considéré. Ces aménagements ne semblent pas influer sur les densités. Par contre, il a été observé
un succès de la reproduction, supérieur sur une zone aménagée par rapport à une autre qui ne l’a
pas été.
L’objectif est de fournir à l’oiseau des secteurs de taille suffisante (2.000 m² semble être un minimum) offrant à la fois couvert et nourriture, surtout afin d’éviter aux jeunes perdreaux non volants
(deux premières semaines de vie) de s’exposer aux prédateurs en devant sortir à découvert ;
pour cette raison, ces secteurs peuvent être discontinus à la condition qu’ils soient reliés par des
cordons de végétation offrant une protection visuelle contre les prédateurs. Suite à des essais de
culture réalisés à Pailhès (Hérault), nous recommanderons de semer un mélange de céréale (blé,
avoine), de fétuque élevée et de légumineuse (luzerne, vesce) fournissant couvert, richesse en insectes
et graines. L’importance des graminées dans le régime alimentaire de la perdrix plaide pour
un encouragement à l’enherbement des vignes et vergers. Les postes d’agrainage, bien que fréquentés
quand ils sont placés dans des zones favorables (ils n’ont pas d’effet attractif) n’influent
pas sur les densités.
La promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement (réduction de l’emploi
des pesticides et préservation des haies) ne peut qu’être favorable. Une solution intermédiaire
consiste à ne pas traiter une bande de 5 m, en bordure des parcelles. Il est nécessaire de maintenir
des activités agricoles et/ou pastorales dans les zones marginales (collines, secteurs en déprise).
Il est également recommandé de ne pas broyer des friches ou entretenir des haies entre fin
mars et fin juillet.

Propositions relatives à la chasse
Tout prélèvement devrait se faire dans l’esprit de la gestion durable des populations. La
pression de chasse doit s’adapter aux évolutions des populations suite aux modifications de leurs
habitats. Ceci implique de les connaître et de suivre leur évolution. Plusieurs méthodes d’estimation
des densités au printemps et du succès de la reproduction en été sont disponibles. Les protocoles
sont disponibles à l’ONCFS. L’analyse de ces données permet le calcul du prélèvement réalisable
dans un objectif donné de niveau de densité. Celui-ci sera choisi égal à 70-80% de la densité
maximale possible sur le territoire, car le succès de la reproduction semble au moins en partie dépendant
de la densité. La pression de chasse est plus déterminante sur les densités que la technique
utilisée.
La gestion de prélèvements doit se faire à l’échelle de la structure de chasse (ACCA, société).
Même dans le cas d’un GIC, on recommandera de gérer les populations de perdrix à l’échelle
de la commune.

Cas des lâchers
Malgré des lâchers massifs et répétés, les populations de Perdrix rouge ont dramatiquement
décliné en Provence. L’existence des lâchers de tir rend encore plus difficile et contraignante la
gestion des populations mais elle n’est pas impossible. Elle est même indispensable pour le maintien
des populations. Seuls les oiseaux « sauvages » (facilement reconnaissables à la condition que
les perdrix lâchées aient bien été baguées) sont comptabilisés dans les prélèvements. Cette technique
a été testée depuis 1995 sur la commune de Pailhès, dans l’Hérault, et a permis de relever puis
maintenir une belle population tout en maintenant les lâchers. Ceux-ci ont alors pour seul but de
permettre un prélèvement supérieur à ce que pourrait offrir une population sauvage. Ce fut le rôle
néfaste de ces lâchers qui ont encouragé des tableaux supérieurs à celui que permettrait une population
« sauvage ».
Les lâchers d’oiseaux autres que Alectoris rufa rufa sont à proscrire. De plus, tout oiseau
provenant d’un élevage doit être bagué avant son lâcher.
Il est possible que, lorsque les populations atteignent des densités très faibles, elles n’arrivent
pas seules à remonter, même en l’absence de chasse. L’étude télémétrique en cours devrait
nous éclairer sur ce sujet. Si tel était le cas, des lâchers de repeuplement seraient nécessaires. La
méthode conseillée est le lâcher, en juillet-août, d’oiseaux de 10-12 semaines, par lots de 10 à 25
sujets, à partir de volières installées sur les sites de lâchers dans lesquelles ils séjournent 3 ou 4
jours. Un agrainage est maintenu à proximité pendant deux mois. Le tir est suspendu 2 ou 3 ans puis un plan de chasse est instauré. Les lâchers sont étalés sur deux ou trois étés. La survie des oiseaux
au printemps suivant est de 15 à 25%. Pour obtenir un couple cantonné au printemps, il est
préconisé de lâcher en été en moyenne de 10 à 15 perdreaux, et ceci sur une surface d’au moins
900 hectares. Il est recommandé de positionner les sites de lâchers dans les secteurs les plus favorables
à l’espèce, plutôt qu’une répartition uniforme sur le territoire, et de les réserver pour des populations
inférieures à 25-30% de la capacité d’accueil. Le lâcher de Perdrix grise en dehors de son
aire de répartition, à la place de Perdrix rouge, n’est pas conseillé.

Exemples de sites avec gestion
Les modes de gestion cynégétique ont été mis en place depuis près de dix années, voire
plus de vingt ans sur huit sites très différents en région méditerranéenne. Les populations
s’y sont maintenues, voire ont augmenté, tout en maintenant des prélèvements satisfaisants.
Dans le cas de Pailhès, les lâchers de tir ont été maintenus avec une gestion rigoureuse des prélèvements
d’oiseaux « autochtones ». Les densités ont augmenté puis restent stables, permettant les
bonnes années un prélèvement de 100 oiseaux sur 600 ha (hors oiseaux d’élevage). Seul le site du
Luberon n’a pas vu remonter les densités, malgré les forts aménagements. Seuls les résultats des
études en cours permettront d’en cerner la raison.

 

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