D’après Frédéric Michau, chargé d’études et de développement à la délégation régionale Centre- Ile de France de l’ONCFS en partenariat avec Thierry Perreau, Président du Groupement d’intérêt Cynégétique (GIC) de Chouday, Valérie Giquel, Directrice de la Fédération départementale des Chasseurs de l’Indre (FDC 36) et André Brouillard, responsable service technique et petit gibier de la FDC 36.
En septembre 2008, la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Indre, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et la Chambre d’agriculture de l’Indre décident de conjuguer leur efforts en développant un projet Agrifaune. Les différents acteurs cherchent, avec ce projet, à agir en faveur du petit gibier en réponse à une demande du Groupement d’Intérêt Cynégétique de Chouday. En effet, ce territoire de 3200 ha déjà reconnu pour ses actions en matière d’aménagement, constate depuis plusieurs années une diminution des effectifs de perdrix et notamment une disparition des reproducteurs entre le printemps et l’été.
Un co-financement des trois partenaires permet l’embauche pendant 9 mois d’un animateur territorial. Julien Leclerc, 22 ans et un bac+3 en poche, commence par rencontrer individuellement chaque exploitant du GIC, et diagnostique ainsi 31 fermes. Pour ce faire, il utilise l’outil, « Biodiversité et Pratiques Agricoles », éprouvé par l’association Hommes et Territoires qui travaille sur cette thématique depuis plusieurs années en région Centre. Le recensement précis des pratiques agricoles a permis, en plus de nouer une véritable relation de confiance avec les exploitants agricoles, de dresser l’état initial de la zone (carte de l’assolement, distribution des éléments fixes du paysage (bandes enherbées, haies, fossés, …) et d’identifier les marges de progrès. A partir de ce document d’aide à la décision, le comité de pilotage décide en avril 2009 d’orienter le projet sur de l’implantation importante de haies afin de limiter la taille des parcelles agricoles et d’augmenter les surfaces favorables à la biodiversité (flore et insectes).
L’animateur a pris, à nouveau, son bâton de pèlerin pour expliquer à chaque agriculteur l’intérêt des haies et l’encourager à adhérer au projet. A l’issue de la consultation, dix agriculteurs se sont portés candidat pour planter un total de 6,5 km de haies .
Un projet bien structuré, basé sur un diagnostic de territoire, des propositions précises à l’échelle de plusieurs communes et un porteur de projet local soutenu par la démarche nationale Agrifaune, se sont révélés être des atouts auprès des financeurs. Ainsi, la demande de subvention portée auprès du Conseil Régional via le Pays d’Issoudun et de Champagne berrichonnne a été acceptée et a permis de rassembler les 30 000 € nécessaires pour le financement de l’opération. Deux compagnies d’assurance (Groupama et L’étoile) ont également apporté leur pierre à l’édifice.
Une opération « Sainte-Catherine » a été réalisée afin de sensibiliser la population locale sur les enjeux liés à ce projet et de participer à la formation environnementale d’étudiants en lycée agricole. Les travaux de plantation ont débuté, en présence des élus locaux, le 25 novembre 2009, date symbolique où tout arbre prend racine ! Ce même jour, 30 élèves du lycée agricole de Saint-Cyran du Jambot ont été initiés à la recréation bocagère en plantant 500 m de haie sur 3 rangs. Désormais la reconnaissance des essences n’a plus de secret pour eux, car ils ont manipulé toute la journée de nombreuses essences locales, entre autres l’aubépine, le noisetier, le sureau noir, le sorbier et le charme. Dominique Roullet, vice président du Conseil Régional de la région Centre et Michel Bougault, conseiller général, en plantant symboliquement chacun un arbrisseau ont rappelé leur attachement à cette réalisation.
La presse était également présente et les partenaires se félicitent d’avoir réussi à retenir l’attention des médias sur ce thème de la biodiversité en zone agricole.
6.5 km de haie plantés pour améliorer la biodiversité.
Le gros des travaux de plantation a été confié à un prestataire qui, en novembre et décembre, a œuvré sur les communes d’Issoudin, Ségry, Chouday et Saint Aubin.
Tous les partenaires se félicitent d’avoir mené à bien cette opération collective et mobilisatrice et espèrent que leurs efforts favoriseront la perdrix grise, oiseau emblématique des plaines céréalières et tout le cortège de la petit faune associée. Cependant, l’importante mobilisation d’énergie et de moyens financiers nécessaire pour reconstruire un maillage bocager, milite pour encourager, partout où cela est possible, la conservation des haies existantes… Les acteurs Agrifaune ne comptent pas en rester là et projettent de continuer cette fructueuse collaboration sur le thème de l’agriculture, de la chasse et de la biodiversité.
Les premières sont apparues au Moyen-Age, de la conservation des lisières des bois défrichés. La plupart ont été plantées, bien que parfois d’origine spontanée sur les talus ou le long des cours d’eau. Elles servaient alors à produire du bois, des fruits et du fourrage, à délimiter les parcelles, faisaient office de clôture et protégeaient les animaux du vent. Elles ont été détruites progressivement à partir des années 50 avec la mécanisation de l’agriculture et la volonté d’augmenter la taille des parcelles. Avec la prise de conscience environnementale, de nouveaux rôles sont reconnus aux haies, notamment un intérêt anti-érosion, un rôle d’épuration des eaux et un rôle de réservoir de biodiversité.
Ce Groupement d’Intérêt Cynégétique présidé par Thierry PERREAU depuis 2000, est situé au sud d’Issoudun au cœur de la champagne berrichonne. Depuis sa création en 1984, son objectif principal est la reconstitution des populations de perdrix suite à une grosse baisse des effectifs en 1976 et 1977. Jusque dans les années 90, le GIC a interdit le tir de la perdrix à ses membres, puis il a décidé de travailler sur l’aménagement des milieux (convention avec EDF sur la mise en place d’abris-agrainoirs et d’arbustes sous les pylones, implantation de cultures à gibier et de bandes enherbées …). En 1998, 12 exploitations agricoles replantaient plus de 8 km de haies dans le cadre du Fonds de Gestion de l’Espace Rural (80%) complété par une aide de la Fédération des Chasseurs de l’Indre (20%). Même si elles n’ont pas enrayé la diminution des effectifs, les actions du GIC ont permis de mettre en place un suivi des populations sur une longue période et d’améliorer les connaissances locales sur cet oiseau. Aujourd’hui, il y a encore des perdrix naturelles sur Chouday, ce qui n’est plus le cas pour bien des communes de l’Indre. D’autre part l’action du GIC a permis de sensibiliser les agriculteurs sur les divers aménagements favorables à la petite faune sauvage. Espérons que les prochaines études qui vont être menées sur cette espèce nous éclairerons sur notre impuissance actuelle à développer sa population.
La Fédération Départementale des Chasseurs de l’Indre,
l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage,
la Chambre d’agriculture de l’Indre,
le Groupement d’Intérêt Cynégétique de Chouday.
Le Conseil Régional du Centre (Pays d’Issoudin et Champagne Berrichone),
l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage,
la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Indre,
Groupama,
L’étoile.